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la Mission d'étude de terrain 

suite aux refoulements a chaude des Migrants   subsahariens au niveau des 

villes frontalières du Maroc 

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RAPPORT DE LA MISSION D’ETUDES DE TERRAIN SUITE AUX REFOULEMENTS 


DUREE : Du 09 au 10 Septembre 2018

Lieu : Nador

Organisation : Conseil Des Migrants Subsahariens Au Maroc (CMSM) effectuée par : Sampou Ibrahima kabassan et Guemou serge Aime

La ville de Nador, par sa situation géographique est l’une des villes du Maroc les plus sollicitées par les migrants subsahariens pour traverser vers l’Espagne. Le concept migratoire de cette ville a changé ces derniers temps suite à la réactivation de l’accord de voisinage entre l’Espagne et le Maroc, signé en 1992 qui se traduit aujourd’hui par une nouvelle forme de violation des droits et des violences institutionnelles commises à l’égard des migrants dans la ville de Nador. La ville de Nador, par le constat des organisations de la société civile marocaine, elle est une zone à part, qui a ses propres lois, pas comme les autres villes du royaume, tout simplement parce que c’est la porte de l’Europe. Au cours de ces dernières semaines, les migrants subsahariens, hommes, femmes et mineurs sont victimes d’attaques sans précédent dans leur maison et dans les différents forets comme à Gorogo, Joutia, Bolingo, la Carrière etc.…




METHODOLOGIE DU DEROULEMENT DE LA MISSION :

La mission s’est déroulée en deux (2) étapes :

1ère étape :

TEMOIGNAGES DES ORGANISATIONS D’ACCOMPAGNEMENT DES MIGRANTS :

Les organisations rencontrées se sont retenues pour l’entretient.


Depuis le 07 Aout dernier nous avons constaté un changement de comportements des autorités (les policiers, les forces auxiliaires etc.…) envers les migrants subsahariens. Ils ont attaqué toutes les forêts de Nador sans exception. Pour intensifier leurs interventions ils ont impliqué ceux d’Oujda et d’Hoceima afin de passer le tour général où sont concentrés les migrants. La procédure a été décrite par leur mentalité et leur façon d’agir. Le premier jour, dans les forêts, ils ont cassé les tentes et le lendemain ils ont tout brulé. Ils ont détruit toutes leurs nourritures et leur dire que les noirs ne doivent pas rester ici. Dans les opérations, il y a eu des blessés, des fracturés etc.… Au cours de cette situation chaotique, les militaires et même les bandits (clochards) ont profité des migrants par le vol et par des violences sexuelles contre les femmes. Par le passé, les militaires ne touchaient pas les migrants vulnérables mais cette fois ci c’est sans exception : hommes, femmes, mineurs et même les femmes enceintes ont été tous refoulés. Ceux de la ville, les policiers venaient les attaquer à 05 heures du matin, casser les portes et les faire sortir pour les refouler à chaud loin vers les villes comme à Tiznit, à Settat ou à Casablanca. Les migrants malades ne pouvaient pas sortir pour se faire soigner. Avant les policiers raflaient les migrants une ou deux (2) fois par semaine mais au cours de ces dernières semaines, ils venaient tous les jours, matin et soir, presque toute la semaine. Cela provoque le traumatisme chez les migrants.

Nous, en tant qu’organisation d’accompagnement de migrants, nous avons beaucoup de choses à faire pour les migrants comme la distribution des kites alimentaires, les assistances psycho-sociales etc.…. Mais nous ne pouvons rien faire pour le moment pour éviter u n conflit entre les autorités locales et nous, qui, par leurs façons d’agir nous ont montré que l’ordre est venu cette fois ci des hautes autorités nationales. Nous attendons que cette folie s’arrête ou qu’ils se fatiguent parce que notre seul espoir c’est leur fatigue. Malgré toutes ces opérations intenses, nous avons constaté qu’il ya eu beaucoup de migrants qui ont réussi à traverser vers l’Espagne.

Pour les autorités locales, aucune opération de refoulement à chaud n’a été effectuée mais plutôt des éloignements des migrants se font vers certaines villes pour contribuer à leur intégration dans ces villes.

En tout cas, il faut reconnaitre que les autorités locales ont l’habitude de faire des opérations contre la communauté migrante à Nador mais celles qui se passent maintenant sont les pires.


Organisation

Depuis la première semaine du mois d’Aout, nous avons commencé à regarder une véritable guerre contre la peau noire » à Nador. Pourtant les autorités de Nador savent qu’il y a également des migrants Palestiniens et syriens qui sont ici pour traverser vers l’Espagne comme les migrants subsahariens mais c’est les migrants subsahariens qui payent par leur peau, qu’ils soient dans les forêts ou qu’ils soient logés en ville. Quand les interventions barbares ont commencé, toutes les catégories de migrants, hommes, femmes et enfants, en situation régulière ou irrégulière, tout le monde est concerné. Nous avons assisté à de multiples attaques des policiers contre les migrants qui démontrent la position contradictoire des autorités marocaines contre sa propre nouvelle politique migratoire que le gouvernement a initié depuis 2013 qui demandait d’intégrer les migrants au sein de la société marocaine. Aujourd’hui, toutes les forêts de Nador sont comme si rien n’y était avant parce que les militaires ont tout mis à terre et bruler tout ce qui appartient aux migrants à savoir : les passeports, les cartes de séjour et tout ce qui est considéré comme identifiant.

La situation de Nador est devenue incontrôlable et nous, en tant qu’organisation de défense des droits humains, nous avons une forte dégradation en collaboration avec les autorités locales. Notre organisation n’est pas prise en compte, ni par nos activités ni par nos éléments d’information. C’est pourquoi nous lançons un appel solennel aux organisations de défenses des droits humains et aux associations d’accompagnement des migrants de renforcer notre synergie afin de pousser le gouvernement marocain à respecter les conventions nationales et internationales qu’il a ratifiée.

2ème étape :

TEMOIGNAGES DES MIGRANTS 

Les témoignages ont été recueillis par communauté et suivis de quelques questions posées par notre délégation

Migrants communauté Camerounaise :

L’histoire que nous avons vécu ces derniers temps n’est jamais arrivée à Nador et nous ne connaissons pas exactement la cause. Nous avons appris dernièrement que le Maroc a eu un financement venu de l’Europe, peut être ça doit être la cause.

Un matin, nous avons vu la descente des policiers sur nous dans nos maisons pour nous chasser tous, hommes et femmes et même ceux qui ont des bébés en mains, qu’on soit en situation administrative régulière ou irrégulière ou que tu sois blessé ou fracturé, tout le monde a été refoulé vers les autres villes loin de la zone de Nador. Quand on nous prend, il nous envoie dans leur centre de rétention pour nous enregistrer et nous mettre dans les bus en cinquantaine ou en soixantaine avec tous les mauvais traitements que vous connaissez. Ils nous traitent comme des animaux dans ces centres, aucun respect, aucune considération humaine, les enfants pleurent de faim, d’autres ont le corps qui saigne. Au cours de ces interventions, plus de mille (1000) personnes ont été refoulée en quelques jours. De notre côté, nous croyons que c’est la rotation qui se passe entre nous et les policiers c'est-à-dire quand ils nous déposent dans une ville, le même jour nous prenons notre ticket pour revenir à la même place à Nador. C’est pitoyable ce qui se passe à Nador.


Questions fréquemment posées

Voici quelques questions fréquentes sur notre groupe 

Nous avons constaté dernièrement que la migration a changé parce que les nouveaux migrants qui sont arrivés ont changé les choses à notre niveau. Avant on était organisé par ancienneté, les nouveaux respectent les anciens et restent toujours derrière cette hiérarchie mais actuellement les jeunes guinéens sont les premiers à faire toutes les mauvaises choses que vous connaissez comme : la vente de Hachich, de l’alcool, la prostitution etc.… Quand vous allez dans les forêts, vous verrez toute suite la réalité de ce qu’on vous dit. Les migrants ont pris le foret c’est comme ils sont chez eux en ville. C’est pourquoi les policiers ne nous laissent pas vivre tranquillement.

Avec tout ce qui se passe là nous ne savons pas comment nous intégrer au Maroc parce qu’il n’y a aucune différence entre ceux qui sont régularisés et ceux qui ne le sont pas. A Nador particulièrement, la demande de régularisation des migrants n’est jamais acceptée même si beaucoup de migrants souhaitent rester ici et travailler

Nous et tous les autres migrants ici à Nador, notre souhait principal c’est de quitter sur le territoire du Maroc pour rentrer en Espagne. Pour cela, nous demandons les autorités de Nador de nous laisser passer tranquillement pour atteindre notre objectif.

2-Migrants communauté Guinéenne :

Nous tous ici, nous avons été victimes des attaques des policiers dans ces dernières semaines. A Nador, il y a plus d’un mois, aucun migrant n’est tranquille dans la tête, nous ne dormons pas bien. Ils viennent nous réveiller au petit matin vers 05 h avec un bruit assourdissant, matraque en mains pour nous tabasser et nous faire descendre des escaliers avec force pour nous mettre dans leurs frigonettes pour nous mettre groupe par groupe au commissariat. Au commissariat, nous sommes des centaines par jour, hommes et femmes à suivre les procédures de refoulement à savoir : remplir le formulaire, faire les empreintes et photos etc.… après ils nous mettent les menottes comme des voleurs. Nous sommes traités comme des esclaves par les policiers marocains. Au début de ces opérations, nous avons pensé que c’est pour un seul jour mais finalement nous avons compris que c’est continuel, ils viennent chaque jour matin et soir. Nous avons constaté aussi que les policiers sont mélangés de clochards, ils volaient nos affaires (les habits, les téléphones, les chaussures, les meubles de la maison…), certains violaient les femmes sans hésitation. C’est vraiment grave ce qui se passe à Nador. Nous étions partis un jour acheter nos tickets à l’agence Ghazala, nous étions au moins à une dizaine, nous voulions partir à Rabat, d’autres à Casablanca, les policiers sont venus nous prendre à la gare routière, nous frapper et nous retirer les tickets, les déchirer tous sans nous rembourser. Ils nous ont tous envoyé au refoulement à Agadir.

Au cours de ces interventions permanentes des policiers et forces auxiliaires, il ya eu des blessés. Comment ils arrivaient à se faire soigner et quel était le rôle des associations de défense et d’accompagnement des migrants ?

Tous les migrants qui étaient malade et les blessés n’ont pas eu les soins à Nador. C’est pourquoi nous disons que c’est grave cette fois ci à Nador. Les policiers ont refoulé même les fracturés, les femmes enceintes, les mineurs etc.… Nous sommes sans nourriture, sans soins médicaux. Les Organisations d’accompagnements qui nous distribuaient les choses nécessaires ne bougeaient pas pour nous voir  sauf ces derniers jours  quelques-unes ont commencé prendre les malades en charge pour les envoyer à l’hôpital Hassani. Nous faisons appel aux défenseurs des droits humains à nous venir en aide parce que ce que font les autorités de Nador contre les migrants subsahariens est inadmissible et inhumain.

RECOMMANDATIONS :

1.      Organiser des activités (conférence, table ronde) pour faire participer les autorités locales afin d’échanger et les sensibiliser sur les mesures de protection des migrants.

2.      Ouvrir une campagne de sensibilisation auprès des migrants sur la connaissance de leurs droits et devoirs pour améliorer leurs comportements vis-à-vis de la population et les autorités locales.

3.      Organiser des activités interculturelles pour faire participer les migrants et la population locale pour signifier le vivre ensemble et interpeller les autorités à ouvrir les portes de l’intégration aux migrants qui souhaitent s’intégrer dans la ville de Nador.

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